Au début du XXème siècle, la salle des fêtes, construite par les Forges de Trignac, est utilisée comme lieu de spectacles mais également pour des projections cinématographiques.

De 1914 à 1929

C’est le temps du cinéma muet, des films à épisodes, des « Judex », « Mystères de Paris » et tous les grands films en 12 épisodes. Les séances ont lieu le samedi soir ou le dimanche après-midi ou le dimanche soir. Le programme est souvent composé des actualités, d’un documentaire, d’un court métrage comique, d’un entracte pour terminer par le film principal.

C’est François Lefeuvre, revenu de la guerre 14-18, qui a accepté d’être le projection de ce cinéma en plus  de son poste au service électrique de l’UMLB. Pendant la projection des films muets, M. Godens jouait du piano tandis que sa fille Yvonne jouait du violon.

Durant la première Guerre Mondiale et jusqu’en 2017, la municipalité autorise, une fois par semaine, une soirée théâtrale ou cinématographique dans cette salle, de préférence le dimanche. Chaque semaine, le gérant de la salle doit en faire la demande par écrit. Une fois la paix rétablie, la municipalité continue de contrôler les animations de la salle. En 1920, le Maire Julien Lambot fait interdire dans la salle, pendant les représentations cinématographiques « … de fumer, manifester par bruits ou des mouvements de nature à troubler l’ordre, de jeter tout objet (papier, pelures d’orange…) pouvant porter préjudice à des spectateurs ou d’y faire n’importe quelle chose réputée dangereuse… »

Suite à la crise de 1929, l’usine a dû fermer ses portes… et la salle de l’UMLB aussi.

De 1938 à 1945

En 1938-39, l’usine a été remise en état de marche et la salle UMLB rénovée. L’usine crée l’ATAL (Amicale Théâtre Artistique et Littéraire de Trignac) qui donne des représentation avec un groupe de bénévole. Il y a même un petit orchestre dirigé par Mme Poidevin (née Yvonne Godens) :

  • Piano : Mme Blandin
  • Premiers violons : Colin Paulette, Clément Gérard et Nicolas
  • Deuxième violon : Saleix Ginette et Lefeuvre Micheline
  • Accordéons : Bouet Alfred, Josso Raymond
  • Saxo : Rousselot Eugène et Belleguic Gilbert
  • Trompette : Barbier Edmond
  • Clarinette : Franconnet Eduard, Maury Marcel et Violin Auguste
  • Banjo : Leparoux Joseph
  • Batterie : Edmont Louis

Les recettes des représentations ont servi à aider les prisonniers de guerre. Cela permettait d’envoyer des colis de 5 kg tous les mois à chaque prisonnier. Pour le recevoir, ceux-ci devaient envoyer à leurs familles une étiquette à son nom et adresse. La famille confiait l’étiquette à l’association qui se chargeait des envois de denrées contingentées introuvables pour les familles mais possibles pour l’association. C’est Mme Tuffé qui se chargeait de cette mission aidé par Mme Lamballe. Son mari, M. Tuffé, était un ancien combattant et prisonnier de la guerre 14-18. Ce service a duré jusqu’en 1943, date du grand bombardement et de l’évacuation.

A la fin de la guerre lorsque les Trignacais sont revenus dans leur ville, il n’y avait plus de cinéma, la Coopérative et le cinéma ayant été bombardé.

M. Gidel est venu à nouveau trouver M. Lefeuvre, alors responsable de l’usine, pour projeter des films dans la salle UMLB. Après accord de la FANE (nouveau nom de l’usine), cet arrangement a duré jusqu’à la reconstruction de la salle de cinéma de la coopérative, le ciné-coop.

Et aujourd’hui ?

La salle, appelée à l’époque la salle UMLB (Usine Métallurgique de la Basse Loire), existe toujours et porte aujourd’hui le nom de Jules Busson. Elle est située à proximité des terrains de sport et de l’ancienne gare des chemins de fer du Morbihan.

Photo

La photo a été prise dans les années 20 devant la salle de cinéma. Vous pouvez y voir :

  • M. Lefeuvre (en haut à gauche)
  • M. Godin, directeur de la salle (en haut au milieu avec un chapeau clair)
  • M. Langelais, chef de musique (en haut à droite).

Ils sont probablement entourés par tous ceux qui avaient un rôle dans le déroulement des séances (caissières, vendeuses, responsables du nettoyages…).